Déambulation théâtrale sur le site du Château

trombinoscope

1244 – Alice de Méranie et Hugues de Châlon

Cette terre d'Ornans fut tout d'abord rattachée au Saint Empire Germanique par le glorieux ancêtre de notre comtesse Alix, l'empereur Friedrich Barbarossa (ou Frédéric Barberousse), puis échangée par Jean de Châlon l'Antique au duché de Bourgogne, il y a maintenant de cela sept ans.

En ce jour de l'an de grâce 1244, je porte les voix conjointes du Seigneur Hugues, et de sa bien-aimée femme, Alix pour proclamer cette charte.

"Sciant presente et futuri quod ego Hugo, filius Joannis, comitis in Burgundia et domini Salmis, et ego Alix, uxor dicti Hugonis flua ductis Meraniae et comitis Burgundiae…"

que nous pouvons traduire plus simplement :

"Sachent les présents et futurs que moi, Hugues, fils de Jean, comte en Bourgogne et seigneur de Salins, et moi Alix, femme du dit Hugues, fille du Duc de Méranie et comte de Bourgogne, voulons et concédons que tous les habitants du château d'Ornans soient libres et exempts de toute servitude, et de toute exaction à jamais. Et pour que ce soit valable et durable, nous avons fait garantir de nos sceaux le présent acte. Fait l'an du Seigneur 1244 au mois d'avril."

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1290 – Othon IV et Mahaut d’Artois

Vous venez de faire connaissance du comte Hugues de Châlon et de sa femme Alice de Méranie.
Eh bien voici leur fils, Othon, quatrième du nom, comte palatin de Bourgogne, charge honoraire : il n'est pas comte de Bourgogne, mais est rattaché à la maison souveraine. En revanche à la mort de son père en 1267, il deviendra comte titulaire de Châlon.

Cette dame que vous voyez à ses côtés n'est pas sa première femme ! En effet, en 1263, c'est Philippa de Bar qui occupe cette place et ce jusqu'à sa mort en 1283. Mais pas de descendance en vingt ans de mariage. A son décès Othon se remarie avec cette dame au physique charmant, à l'oeil vif, il s’agit de la célèbre Mahaut d'Artois, nièce de Saint Louis, bien aimée de tous en son temps.

En fait elle ne s'appelle pas "Mahaut" du tout, mais "Mathilde", Elle a 15 ans, en 1285, quand elle épouse notre bon comte Othon IV, alors âgé, lui, de 40 ans…
Othon IV décèdera de ses blessures au service de notre bon roi Philippe IV le Bel. Il laisse Mahaut, veuve éplorée, avec deux filles qui chacune iront épouser un roi de France.
Par ailleurs, la belle Mahaut prend soin des habitants d'Ornans en venant leur rendre visite et leur faisant de nombreuses donations.
Grâce à l’aumône de Mahaut l’Hôpital Saint Louis d’Ornans fut construit quelques siècles plus tard.

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  1. La Chapelle Saint Georges.

Mouvement d'Othon et de Mahaut vers la chapelle; ils y rencontrent Pierre de Chancieux, chapelain, qui sort de l'office et les accueille :

Pierre de Chan… Bien le bonjour, Sieur Othon ! A vous aussi belle Mahaut ! Le Seigneur ne vous remerciera jamais assez de cette offrande : une chapelle toute neuve, construite sous l'égide de Saint Georges !
Personnage Le patron des chevaliers!
Othon IV Il est toujours de bon aloi d'investir dans la pierre, a fiortiori si celle-ci est consacrée!
Personnage Othon IV a parlé. Amen!
Narratrice Et soyons honnêtes, cela vous évite grand déplacement ! Descendre au village pour chaque acte de dévotion, cela vous coupe l'envie!
Pierre de Chan… (Ignorant ce commentaire) Comme vous pouvez le constater, une messe est dite quatre fois par semaine, j'en sors!
Personnage Oui, et puis il faut tout de même remarquer que le châtelain invite le chapelain à sa table à chaque séjour au château.
Pierre de Chan En effet, vos bonnes grâces, euh, sans mauvais jeu de mots… me comblent! Jamais je n'avais espéré si bonne chair, une telle abondance de vivres, une profusion de vins, en somme tout un paradis!
Narratrice Bon, laissons-les à leurs libations! Parlons d'architecture !
Fondée en 1289, la chapelle est entièrement reconstruite en 1500. Ses murs caractéristiques sont épais et renforcés par six contreforts rocheux. Technique résolument comtoise. Le toit est recouvert de laves, ces pierres de calcaire délité empilées pour parfaire l'étanchéité des toits. Ce dernier est lui-même dominé par un petit clocheton.
La dernière campagne de restauration remonte aux années 1979 grâce à la future… association des Amis de la Chapelle Saint Georges.
Narratrice (mimant ici la marche des Siècles) Avançons à grands pas dans l'Histoire!
Retrouvons-nous en 1631, devant la capitainerie, afin d'y rencontrer le non moins célèbre Pierre Vernier, mathématicien de son état.

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1631 – Pierre Vernier

Narratrice Voici donc Pierre Vernier. Fils d'un cartographe au service du Roi d’Espagne, châtelain d’Ornans.
Vous êtes né à Ornans en 1584. En 1622, alors ingénieur militaire vous devenez capitaine du château d'Ornans, pour le compte du Roi d'Espagne et résidez en ces lieux. Un an plus tard, vous devenez Directeur général des Monnaies du Comté de Bourgogne. Mais tout ça importe peu face à votre créativité scientifique. En effet, en 1631, vous mettez au point le Vernier ou "Quadrant Nouveau de Mathématique", instrument de mesure encore en usage aujourd'hui dans les pieds à coulisse, les règles de calcul, les goniomètres, et les spectromètres, améliorant la lecture des mesures analogiques.
Pierre Vernier J’arrive de Bruxelles où je suis allé déposer mon invention «  le Quadrant nouveau de Mathématique » qui permet à l’œil nu de mesurer plus précisément les degrés. J’en rapporte ce document authentifiant mon invention.

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1565 – Famille Perrenot de Granvelle

Narratrice Parlons désormais d'une autre famille, non moins célèbre. Connaissez-vous les Granvelle?
Oui, oui, ce sont bien ceux du palais bisontin éponyme!
Pour autant cette famille ne fut pas toujours ainsi fortunée. En effet, la première mention des Perrenot, en 1391, fait état d'un forgeron Ornanais, ou tout du moins originaire de la vallée de la Loue, plus précisément Ouhans. Ce bon monsieur eut un fils, Pierre Perrenot, notaire de son état, et qui, lui, fera partie de la noblesse locale.
Nicolas C'est mon papa! Grâce à lui j'ai réussi dans la vie ! Il m'a mis le pied à l'étrier.
Narratrice Ah bonjour, Messire Chancelier. (Vers l'assistance) Ne négligeons pas le protocole, on ne badine pas avec ces choses là. Car vous avez devant vous Nicolas Perrenot de Granvelle, né à Ornans en 1485. Un authentique Chancelier de Bourgogne, Garde des Sceaux, et surtout "lit de repos" de son empereur Charles le Quint… Vous rendez-vous compte de l'insigne honneur que nous avons tous de paraître en sa présence aujourd'hui ?
Nicolas Oui, oui. Enfin je suis resté simple ! Toutes mes créations en portent d'ailleurs la marque. Mon palais par exemple, qui introduit en Franche-Comté l'architecture Renaissance… Oui ! Le Palais Granvelle (pourquoi Granvelle ? tout simplement parce que j'en ai racheté la seigneurie).
Narratrice Il faut tout de même rappeler qu'en deux générations cette famille est devenue la plus riche et la plus influente de la région… cela vous laisse pantois!
Et donc l’édifice dont parlait à l'instant son Excellence est le symbole de son prodigieux pouvoir, de sa réussite, de sa fortune, de son ascension sociale, personnelle et familiale. Rien que ça!
Il n’en n’oublie pour autant la ville d’Ornans qui lui doit différents avantages : il évite à la ville le logement des gens de guerre, il augmente les prérogatives du baillage d’ Ornans, il obtient du Roi d’Espagne un impôt sur le sel pour aider la ville à reconstruire ses ponts et son église.
L’opulence propre à cette famille se retrouve dans sa descendance abondante, puisque Nicolas Perrenot de Granvelle a eu quinze enfants, dont l'aîné, que voici est né en 1517. Il a eu un destin non moins prestigieux.
Approchez, approchez, Monseigneur Antoine de Granvelle !
Vous êtes entré très tôt dans les ordres, étudiant dans les meilleures universités la théologie et le droit, Vous avez été nommé à 23 ans évêque d'Arras, puis archevêque dès 44 ans, Cardinal en 1561. On peut dire que le Succès, les Grâces et la Victoire (avec les majuscules) entourent votre famille bienheureuse …
Vous avez été également Premier Ministre des Pays-Bas espagnols puis Vice-roi de Naples et Président du Conseil Suprême d'Italie.
Il faut vous reconnaître de plus un certain goût pour les arts, que vous soutenez financièrement.
Comme votre père vous avez été un bienfaiteur de la Ville d’Ornans. Vous avez fait réaliser une copie de la descente de croix du Bronzino, s’il vous plait, sur laquelle vous figurez.

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Finissons maintenant notre voyage en restant dans le domaine artistique. Retrouvons nous dans trois siècles!

 

1855 – Gustave Courbet

Dernière étape de notre voyage temporel autour de notre belle cité d'Ornans, nous voici au XIXe siècle. Je parle à présent au nom de ce monsieur ici présent, Gustave COURBET, originaire de notre belle cité où vous naissez en 1819, aîné d'une fratrie de cinq enfants. De père agriculteur, vous suivez des études médiocres d'abord ici, à Ornans, puis au collège royal de Besançon, où vous faites la rencontre d'un élève du grand Jacques Louis David … pas celui des cheveux, l'autre, le peintre.
En 1839, vous partez à Paris, afin de poursuivre des études de droit, ce qui vous pousse naturellement vers les mouvements politiques de votre temps. Parallèlement à cela, vous fréquentez un atelier de peinture où vous améliorez votre technique.
De même, visiteur assidu du Louvre, vous étudiez les maîtres, en particulier ceux de l'école espagnole (Vélasquez, Zurbaran, Ribera,…).
Entre 1840 et 1849, vous travaillez beaucoup à des autoportraits.

En aparté : Pendant cette période il a une relation avec Virginie Binet, avec qui il a un enfant, qu’il ne reconnaîtra pas.

Vous vous liez avec des artistes anticonformistes tels que Berlioz ou Baudelaire.
En 1849, vous revenez ici, à Ornans, et abandonnez le style romantique pour vous tourner de plus en plus vers le réalisme, votre propre style. « L'après-dînée à Ornans » est remarqué par Ingres (celui qui joue du violon…) et Delacroix.
L'année suivante, en 1850, vous peignez « Les paysans de Flagey revenant de la Foire ». Cette oeuvre fera scandale. Dans le même temps, « Un enterrement à Ornans », fait lui aussi hurler les critiques, de par son réalisme et le format du tableau.
C'est durant cette période que vous peignez « Le château d’Ornans » qui met en scène ce lieu. Amoureux de votre campagne natale, vous immortalisez cette fontaine de la Combe Pellerin, dite « fontaine aux vipères ».

En aparté : On raconte qu'il fut inspiré par les femmes venant y laver leur linge.., les vipères représentaient peut-être la langue acérée de ces lavandières…

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Notre voyage s'achève donc ici, mais à dessein. En effet, nous sommes les garants de l'héritage de Courbet, héritage fragile qu'il convient de préserver.
Le Président de l'Association des « Amis de la Chapelle Saint Georges et du site du Château d’Ornans » va vous parler de la souscription lancée avec la Mairie et la Fondation du Patrimoine pour aider à la restauration, donc à la sauvegarde, de cette fontaine.